Mon premier match de hockey dans une taverne québécoise

Écrit par Javier Darío Montoya Martínez

J’ai aussi des chandails rouges, je le jure!

Mon histoire avec le hockey, comme toutes les histoires des personnes qui s’initient aux sports, est une histoire d’amour et de drame. J’habite à Montréal depuis janvier 2013, où un hiver puissant m’a souhaité la bienvenue, comme tous les hivers québécois.

Mais, qu’est-ce que je savais du hockey auparavant ? Au-delà de lire quelques nouvelles de l’équipe des Canadiens de Montréal dans le journal ou d’écouter leurs publicités à la télé, pas grand-chose. Donc, samedi dernier a été la première fois que j`ai passé le temps devant un écran en déchiffrant ce qui arrive lors d’une partie de hockey. 

Auparavant, ma timidité m’a empêchée d’aller seul dans une taverne pour découvrir le sport national des Canadiens. Heureusement, une amie Québécoise a brisé la glace et a décidé de nous donner rendez-vous (moi et un groupe de nouveaux arrivants) dans une taverne. Imaginez-nous, huit débutants, qui avant la rencontre ne savaient presque rien sur le hockey, sinon que c’est un sport d’hiver.

Ce jour-là, l’hiver était déjà terminé. Le match qui allait avoir lieu faisait partie de la ronde des séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey (LNH). Un jour magnifique annonçait l’arrivée du printemps et j’ai décidé de porter pour la première fois cette année mon t-shirt préféré : brun et jaune. Mauvaise idée ! On jouait contre les Bruins de Boston et je ne le savais pas.

Dès le premier instant mes camarades ont remarque ma faute et ils étaient prompts à souligner ma culpabilité si l’on perdait. J’ai eu peur, mais heureusement pour moi est venu le premier pichet de bière (et agréablement pour tous, les verres étaient stérilisés).

En un clin d’œil, les Bruins ont compté trois buts – que j’ai insisté appeler « Gol« – (note de Lidéatrice : en fait, les Québécois disent souvent « goal », eux aussi, qui est l’emprunt francisé du mot anglais). Après le troisième but, les gens ont pensé de nouveau à mon t-shirt, mais j’ai réfléchi : « OK, on va voir si c’est ma faute« , et dans une rapide visite aux toilettes, j’ai mis mon t-shirt à l’envers.

Mon geste a été bien reçu et je pense que les dieux du hockey finalement ont eu pitié, car les Canadiens ont enfin marqué leur premier but. Mais mon t-shirt n’est pas magique, finalement on a perdu 2 – 4.

Pour voir une vidéo résumant le 5e match de la série éliminatoire Canadiens / Bruins, cliquez ici.

Le match a passé vite et avec les cris, la bière, les mouvements vertigineux de caméra et la publicité qui apparait soudainement… Parfois je me sentais perdu, mais au-delà des règles et la lutte contre le chronomètre, j’ai trouvé la passion, ce sentiment bouillant au cœur des gens, cette ferveur des sports populaires. C’est un sentiment de pays, une chose qui émerge dans des rues des quartiers et qui s’étend à tous les aspects de la vie en se transformant en un trait identitaire.

139 ans après la première partie de hockey organisé par James Creighton à Montréal, j`ai retourné chez moi avec une question dans la tête, la même question que j’ai trouvée ensuite dans un livre : comment un sport né sur des étangs gelés peut-il ainsi enflammer les cœurs d’une contrée aussi froide ?[1]

Go Habs go !

Le but de Max Pacioretty lors du premier match de la série éliminatoire.


Pour en savoir plus sur le hockey : 

[1]McKinley, Michael. Un toit pour le hockey. Du sport au spectacle, un siècle d`histoire 1875-1972. Édition Hurtbise. Montréal, 2001. 15