Une des activités qui annonce véritablement l’arrivée du printemps, c’est le « temps des sucres ».
Au Québec, nous avons la chance d’avoir sur notre territoire de nombreux érables à sucre. Ce type d’arbre a comme particularité d’avoir une sève légèrement sucrée pendant la période du dégel, qu’il est possible de transformer en délicieux sirop d’érable.
Au tout début du printemps, lorsque la température descend sous les zéro degrés la nuit mais remonte dans le positif le jour, la sève monte dans les érables : l’heure de la récolte a sonné ! Tous les propriétaires de cabane à sucre s’activent alors pour récupérer le maximum de cette « eau d’érable » précieuse. Cette sève sucrée sera ensuite bouillie dans un évaporateur pour en concentrer le degré de sucre. Selon le degré de cuisson donné, l’eau d’érable se transformera en réduit, en sirop ou en tire d’érable.
Des origines nébuleuses
D’où vient le sirop d’érable ? Il semblerait que les Premières nations avaient déjà découvert les vertus de la sève sucrée d’érable avant l’arrivée des premiers explorateurs européens, comme en témoigne le texte ci-dessous :
En se basant sur les sources historiques existantes, on sait qu’entre 1536 et 1542, Jacques Cartier et ses compagnons, intrigués par un arbre qu’ils croyaient être un gros noyer, mais qui était en fait un érable à sucre, l’ont coupé, de l’eau d’érable a jailli en bonne quantité et qu’ils lui ont trouvé un goût de bon vin. Selon ce qui est rapporté en 1557 par le cosmographe André Thévet, un Amérindien lui aurait expliqué qu’ils donnaient à cet arbre le nom de Couton.
source : www.siropderable.ca
Légende amérindienne
En effectuant quelques recherches, nous sommes tombées sur cette charmante légende amérindienne qui explique l’origine du sirop d’érable. Cette légende est extraite du livre L’industrie du sucre d’érable dans la province de Québec, de Cyrille Vaillancourt.
Une légende amérindienne attribue la découverte du sucre d’érable à Nokomis (la Terre), grand-mère de Manabush, héros de nombreuses légendes indiennes. Nokomis aurait été la première à percer des trous dans le tronc des érables et à recueillir la sève. Manabush, constatant que cette sève était un sirop prêt à manger, alla trouver sa grand-mère et lui dit :
« Grand-mère, il n’est pas bon que les arbres produisent du sucre aussi facilement. Si les hommes peuvent ainsi sans effort recueillir du sucre, ils ne tarderont pas à devenir paresseux. Il faut tâcher de les faire travailler. Avant qu’ils ne puissent déguster ce sirop exquis, il serait bon que les hommes soient obligés de fendre du bois et de passer des nuits à surveiller la cuisson du sirop ».
Manabush n’en dit pas plus long, mais craignant que Nokomis ne fût indifférente à ses paroles et qu’elle n’omît de prendre des mesures pour empêcher les hommes de devenir paresseux, il grimpa en haut d’un érable avec un seau rempli d’eau et en versa le contenu à l’intérieur même de l’arbre, dissolvant ainsi le sucre qui se trouvait dans l’érable.
Il semblerait que chaque tribu amérindienne ait sa propre légende pour expliquer l’origine du sirop d’érable. Nous vous invitons à consulter ce très bon diaporama legendes fait par André Lacoste pour découvrir les légendes des peuples Micmac, Algonquin, Iroquoïen, Ojibwé, Cri et Huron.
La cabane aujourd’hui
Aujourd’hui, les Québécois profitent des premiers jours du printemps pour aller « se sucrer le bec » dans l’un des nombreuses cabanes à sucres du territoires. Il s’agit d’une activité qui fait partie de la tradition dans de nombreuses familles. On peut toutefois aller à la cabane à sucre avec des amis, ou même avec le club social du travail.
Que fait-on à la cabane à sucre ? Eh bien, on va surtout là pour y manger de la « nourriture de cabane », un repas composé d’une série de plats costauds, pour la plupart arrosés (parfois abondamment) de délicieux sirop d’érable.
Un menu typique « de cabane » est généralement composé des éléments suivants :
- Soupe aux pois
- Cretons
- Saucisses dans le sirop
- Omelettes
- Jambon
- Oreilles de crisse (grillades de lard)
- « Bines » (fèves au lard)
- Tourtière
- Pommes de terre rôties ou bouillies
- Salade de choux
- Marinades maison
- Oeufs cuits dans le sirop
- Crêpes traditionnelles ou crêpes frisées (mes préférées)
- Pouding chômeur ou Grand-père dans le sirop
- Tarte au sucre
- Thé, café
Et bien sûr, on termine le tout par une délicieuse lichette de tire sur la neige !
(Pssst : pour de jolies photos sur la nourriture de cabane à sucre, allez voir ce billet de RueRivard.com.)
Le site cabanesasucre.org répertorie plus de 200 cabanes, dans presque toutes les régions du Québec. Chaque famille a une opinion sur quelle cabane est la meilleure. Le meilleur conseil que je pourrais vous donner, c’est de choisir les petites cabanes traditionnelles, qui sont plus authentiques. Comme dans tous les domaines en tourisme, certaines cabanes à sucre sont devenues trop touristiques, ou misent sur le volume, un peu comme des restaurants-rapides. Elles accueillent plein de groupes différents en même temps et servent le repas à toute allure afin d’accueillir rapidement le groupe suivant. Pas très bon pour l’authenticité et le plaisir !
Certaines cabanes à sucre (ou sucreries) offrent des activités sur place, comme des balades en carriole, une mini-ferme, des jeux gonflables pour les enfants, de l’animation avec des musiciens traditionnels. Certaines cabanes vous offrent même de participer à la cueillette de l’eau d’érable !
Bonne saison des sucres !
Et vous, avez-vous déjà visité une cabane à sucre ? Quelles ont été vos impressions ? Quelle est votre cabane à sucre préférée ? On veut votre opinion !
À lire aussi sur Mitaines & Gougounes : le vocabulaire du temps des sucres.
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Pour en savoir plus :
- Visionnez une vidéo de la Minute du patrimoine sur le sirop d’érable.
- Préparez une cabane à sucre à la maison avec les recettes du site Recettes du Québec.
- Utilisez les produits de l’érable pour faire des recettes épatantes.